Olivier, fondateur de Synchro Magazine, le premier média dédié à la VOIX OFF : « Le doublage permet aux comédiens d’avoir un revenu intéressant. »

Vous venez de lancer Synchro*, le premier magazine spécialisé dans les métiers du doublage. Comment est venue cette idée ? 

Je suis un passionné de ce milieu depuis que je suis tout petit. Enfant des années 80, il y avait peu de V.O à l’époque, alors on appréciait un acteur par sa voix française. Il y avait si peu d’infos sur ce monde secret, que j’ai eu envie de faire des interviews et de rencontrer les grandes figures du milieu, ma façon à moi de leur rendre hommage. De là est né Synchro, un bimestriel entre le beau livre et le magazine (un Mook) de 120 pages, je ne censure rien ! C’est un magazine à destination des passionnés comme moi, de professionnels ou même de jeunes talents qui se lancent. 

Que dire du milieu des VOIX OFF de nos jours, comparé à avant ? 

Internet a énormément fait pour que les comédiens soient de plus en plus connus. A travers des interviews visuelles, on a mis des visages à des voix. Ça a permis de beaucoup démocratiser ce secteur auprès du grand public. Mais parallèlement à ça c’est aussi un milieu qui sature car il y a énormément de voix aujourd’hui avec beaucoup plus de comédiens qui arrivent dans ce métier.

On peut toujours faire carrière en tant que doubleur ? 

Attention au terme « doubleur ». Car n’oublions pas que ces voix sont avant tout des comédiens qui prêtent donc leur voix. Le doublage est une spécificité du métier. Dit-on d’un acteur qu’il est théâtreur ou cinémateur ? En effet, il ne faut pas se leurrer c’est un métier qui est en mutation. La prolifération du V.O est une bonne chose pour nos enfants, mais négative pour les voix off. Et puis on observe un nouveau phénomène ces dernières années, l’arrivée de l’Intelligence Artificielle, utilisée dans certains pays par l’imitation de voix humaines… Ça fait peur. Les plateformes type Netflix qui produisent énormément de contenus peuvent être de plus en plus tentées à se tourner vers ce genre de solutions.

On a l’impression que la France possède une réelle culture du doublage avec des voix reconnaissables comme celle de De Niro, Homer… Est-ce toujours le cas ?  

En France on a la culture de la VF surtout en Province. La qualité du doublage est telle qu’on rentre dans les histoires, les scénarios, le film en oubliant qu’ils sont doublés. Le fait qu’il y ait de plus en plus de séries, il y a davantage de comédiens… les demandes de doublage ont réellement explosé. La vraie variante de nos jours et qui changent nos habitudes, c’est le TEMPS. Tous les comédiens déplorent la rapidité des enregistrements post-prod. Ils n’ont même plus le temps de voir les films et s’occupent de leurs propres scènes. Heureusement c’est un métier où on prend encore beaucoup de plaisir et les supports pour le faire sont variés : pub, spot, film, série, dessins animés… Et puis ne le cachons pas, les comédiens s’y retrouvent financièrement aussi.

La voix off est un milieu lucratif ? 

Le doublage permet à tous ces comédiens d’avoir un revenu assez intéressant. Ils sont payés à la ligne. Plus un acteur parle dans une série ou un film et plus il est rémunéré. Il existe quelques exceptions lorsqu’il s’agit de voix très connues comme feu Patrick Poivey, la célèbre voix de Bruce Willis. Dans ce cas, il s’agit de contrats de gré à gré, avec une somme fixe signée avec le distributeur du film peu importe la longueur. Le doublage permet surtout aux comédiens de s’assurer un revenu plus conséquent et leur permet de s’amuser sur des projets artistiques qui les passionnent sans être très rémunérateurs. C’est le cas par exemple de Véronique Augereau, la célèbre voix de Marge dans les Simpson, qui se lance dans une pièce de théâtre solo, pas forcément très grand public mais qui la fait vibrer.

Quel conseil donner à un artiste qui aurait envie de se lancer dans ce métier ? 

En tant que passionné de voix, c’est vrai que je suis particulièrement attiré par les tessitures affirmées. Quand on reconnait la personne dès qu’elle prononce le premier mot. Ça se perd de plus en plus je trouve. Pour se lancer dans ce milieu, il faut impérativement être comédien d’abord. Ce métier ne s’improvise pas. Comment voulez vous ressentir l’émotion et la transmettre si vous ne l’avez jamais joué sur scène ou devant une caméra ? Il faut faire ses propres armes soi-même !

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